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Une vie de prof

2 juillet 2013

Vivre loin de l'Education nationale

Je reviens donner de mes nouvelles, deux ans après avoir réussi à obtenir mon ticket de sortie.

 

Mon emploi du temps s'est profondément modifié, ainsi que mon humeur générale. Moi qui suis du genre à toujours voir la petite bête, qui adore me plaindre, je n'ai plus aucune matière à. Je viens d'expérimenter cela lors d'une rencontre entre différentes directions de mon ministère; j'étais la seule de mon métier, et la seule à n'avoir rien à dire de négatif à propos de mon travail.

Que ceux qui expérimentent chaque année les groupes de vacanciers composés de profs -comme j'ai pu le faire durant 15 ans- apprécient la chose! D'ailleurs je ferai tout pour ne plus me retrouver avec un enseignant lors d'un séjour; cette époque est révolue. Je ne veux plus les entendre durant mes vacances.

J'ai certes moins de vacances qu'un enseignant, mais huit semaines de congés payés, sans compter les jours fériés et les récupérations, suffisent largement à décompresser, surtout que ces journées ne sont désormais plus polluées par le travail: quand je rentre chez moi, je ne fais plus rien pour le boulot. Mon cerveau ne se met plus en alerte devant la télé, un magazine ou un livre, à la recherche du support pédagogique idéal pour une prochaine séance. Et pour moi, c'est inestimable.

Je prends mes congés quand je le veux. J'organise également mon travail comme je le veux; mes fonctions me le permettent. J'ai un travail intéressant, qui autorise de flâner, de fouiner, d'explorer... je suis les pistes que je veux et rends compte de mes recherches de la manière qui me sied. J'ai eu beaucoup de chance lors de la campagne de mobilité, car j'ai obtenu le poste qui me plaisait le plus.

Les relations avec mes supérieurs hiérarchiques sont harmonieuses. J'ai beaucoup de mal à dire "supérieurs" pour certains d'entre eux, car dans les faits ce sont des collègues. Je n'en ai rencontré aucun qui ne se soit autorisé un regard condescendant ou supérieur, du fait de son grade ou de son ancienneté. Selon le degré d'affinité que j'ai avec eux, je les tutoie ou les vouvoie. Jamais je n'avais tutoyé un adjoint -et encore moins un chef d'établissement- auparavant!

Je m'acclimate doucement à ce nouveau mode de vie. Mieux payée (50% de plus), mieux considérée, plus épanouie au travail, plus libre de mon temps... pour rien au monde je ne reviendrais en arrière!

La seule chose que je dois encore travailler, c'est la production d'heures supp: quand j'en accumule 7 heures et demie au compteur, j'ai droit à une journée de congé supplémentaire. Et ces journées libres en milieu de semaine pour faire les courses ou du shopping loin de la foule du samedi me manquent tout de même un peu.

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30 septembre 2011

Et pour ceux qui veulent partir aussi:

30 septembre 2011

Enfin libre!

Ça y est, c'est fini.

J'ai vidé la bouteille que j'avais apportée avec les quelques collègues qui travaillent le vendredi après-midi. La journée fut longue et particulièrement pénible. Je n'avais plus le courage de recadrer les élèves; eux savaient bien que le travail ne serait pas ramassé. Je les ai observés se chamailler, ignorer mes rappels à l'ordre, se lever, se maquiller, consulter leurs smartphones...

Les disputes commencées dans d'autres cours se sont poursuivies chez moi, une élève s'est mise à pleurer car elle ne supportait plus ce bordel.

Je pense encore à ses larmes.

Je lui ai dit de se faire moins de soucis, que ses camarades allaient finir par mûrir un peu, qu'il fallait prendre son mal en patience.

Un peu plus tard, un autre élève a gueulé sur ses camarades pour les faire taire. Que c'était pas sympa de me faire la misère alors que c'était mon dernier jour. Il y a eu un drôle de silence après ça, presque pesant.

J'y repense aussi, à ce cri de révolte.

J'ai croisé le chef en menant mon troupeau dans une autre salle. Si je ne l'avais pas abordé en lui disant que c'était mon dernier jour, je crois qu'il ne m'aurait même pas parlé. De ce court échange, j'ai retenu que j'étais seule responsable de mes difficultés, que tout roulait à l'EducNat et qu'il fallait continuer d'y croire.

Sourds et aveugles, nos chefs...

29 septembre 2011

Plus qu'une journée

La fin de semaine arrive et avec elle, la fin de mon enfer.

Je suis fatiguée. Cadrer sans cesse des élèves qui, de toute façon, crient plus fort que soi, est éreintant. Alors quand en plus l'accoustique est déplorable, ça devient infernal. Impossible de dicter une phrase: on entend tout de travers. Quoi?? Qu'est-ce que vous avez dit, M'dame? On n'entend rieeen! Vous pouvez répéter?

Imaginez un peu le bazar que ça crée à trente.

Je ne comprends pas comment on peut concevoir des salles de classe dans lesquelles chaque son résonne comme dans une cathédrale. J'en suis à concevoir mes activités en fonction de la salle dans laquelle j'ai cours: oral dans les salles "correctes"; exercices écrits en autonomie dans les salles-cathédrale.

Demain est mon dernier jour. Je n'aime pas les vendredis...

26 septembre 2011

Les derniers jours de cours de ma vie: la prof démissionne!

J-4

Tous mes élèves savent maintenant que je m'en vais. Ils pensent que je démissionne. Normal; ils ne connaissent pas les subtilités des règles dans la Fonction publique. Soit, je démissionne.

- Mais pourquoi?

- Et qu'est-ce que vous allez faire?

- C'est à cause de nous?

- Mais nous, vous nous aimez?

- Et moi, M'dame, je sais bien que moi, vous m'aimez!

- Et votre remplaçante, elle est gentille?

- Mais alors, on ne se reverra plus jamais?

Des bébés, ce sont des bébés malgré leur âge: 15 à 20 ans. Et comme ils sont gentils dans l'ensemble, ils ont essayé d'être calmes pendant les cours.

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24 septembre 2011

Les derniers jours de cours de ma vie

L'année dernière, j'ai tenu bon parce que j'avais un projet de reconversion. Je me suis absentée plusieurs journées pour aller aux épreuves écrites puis à l'oral. Comme mes élèves voulaient que je leur explique mes absences, je les tenais régulièrement informés de mes progrès, ainsi que de mes échecs!

En ce mois de septembre, je tiens le coup parce que je sais que je vis mes derniers jours de cours. Je n'arrive même plus à râler, tellement je suis heureuse de partir définitivement. Il était temps!

J-7

Car les élèves n'ont pas changé. J'en ai qui bavardent à longueur d'heures, ne notent absolument rien, n'ont pas d'affaires, et n'en auront pas de l'année. Des touristes. Alors ils s'amusent comme ils peuvent: bruits d'animaux, smartphone...

Il y a ceux qui n'arrivent pas à rester assis. Ceux qui ne savent même pas écrire leur nom. Qui ne peuvent pas prendre la dictée. Largués, paumés dans des classes de trente. Impossible de les aider!

Ils m'exaspèrent et c'est tant mieux. Je ne veux pas être tentée par un retour.

12 septembre 2011

Les élèves face à mon départ

Il paraît qu'il ya des élèves qui me regretteront.

J'ai un élève qui a eu sincèrement eu l'air soulagé de savoir qu'il n'était pas à l'origine de ma "démission".

 

Trente ans de plus, ça n'aurait pas été possible, malgré toute l'affection que j'ai pour eux.

11 septembre 2011

Finalement, c'est partout pareil

J'allais commencer à copier/coller dans ce blog la suite de mes aventures relatées ailleurs quand je suis retombée sur ce message que j'écrivis début janvier 2008 pour expliquer mon départ de Créteil: "je suis lasse des conditions de travail qui sont les miennes en Seine-Saint-Denis. Lasse du laisser-faire, du manque de courage de l'Institution, des discours jamais suivis d'effets, des renoncements successifs, du rôle de poubelle que joue le lycée pro ici... Il paraît que l'Alsacien est pragmatique et exigeant; je demande à voir!
Sinon, je reprendrai la route, pour passer de l'autre côté.

L'Alsace, ma dernière chance pour me réconcilier avec l'Education Nationale française."

 

Je vis ce mois-ci mes dernières heures en tant qu'enseignante. Je quitte en effet définitivement cette institution que je n'arrive plus à servir pour toutes les raisons évoquées ci-dessus.

Je n'y crois plus.

3 septembre 2011

C'était ma dernière prérentrée

Les discours furent plus absurdes que d'habitude. Une lettre d'huile hiérarchique fut lue; personne n'écouta, ce qui n'empêcha pas l'assemblée de professeurs d'applaudir à tout rompre, sûrement à la pensée de l'apéro qui devait suivre. A moins que nous ne soyons réellement convaincus de toutes ces niaises âneries concernant l'état du système éducatif.

On nous expliqua de nouvelles procédures pour mieux suivre les élèves absentéistes et les élèves décrocheurs. Un logiciel serait à renseigner à propos des élèves vivants. Éclats de rires. Cela exclut donc les élèves morts, les zombies et les morts-vivants...
On nous rappela que devaient être notés absents tous les élèves qui n'étaient pas physiquement présents en classe. Heureusement qu'on nous précise "physiquement"...

Remplir le cahier de texte numérique ferait désormais partie de nos obligations... Déjà que le cahier de texte papier ne l'était que rarement, je n'ose imaginer le vide que ça va être: certains refusent par principe, car les cours ainsi mis à la disposition de tous seraient alors copiés et pillés; ou alors parce que cela permettrait le suivi à la trace par nos supérieurs. D'autres refusent par manque de patience, le logiciel étant un vrai casse-tête, quand il n'efface pas tout simplement les données à l'occasion d'une mise à jour.

Bref, une fois que nous aurons rempli le cahier de texte, la fiche des élèves décrocheurs, fait l'appel des physiquement présents et complété la fiche de suivi des élèves vivants chiants dissipés, il nous restera cinq bonnes minutes pour faire cours. Certaines mauvaises langues disent trois.

Cela n'aura de toute manière aucune incidence sur nos taux de réussite dignes du Gosplan.

4 juillet 2011

La correction du "brevet des collèges"

L'examen que passent les élèves à la fin de la Troisième ne s'appelle plus "brevet des collèges", puisque le collège est unique, mais "diplôme national du brevet". Mais celui-ci n'est pas unique puisqu'il en existe trois: DNB voie LV2 (pour la majorité des élèves), voie technologique (pour les élèves de collège déjà voués à la voie professionnelle) et voie professionnelle (pour les candidats libres, souvent des élèves de Seconde pro qui souhaitent repasser le brevet).

Les copies que j'ai corrigées provenaient de la voie technologique. Et bien ça promet pour les Secondes qu'on verra en septembre!

Le sujet d'histoire portait sur la Libération.
La durée qui a été nécessaire à la libération du territoire est le 9 mai 45. C'est le dernier endroit à être libéré. Les forces armées qui ont participé à cette libération sont la Normandie et la Provence.
De Gaulle, c'est le grand avec la casquette. Il a combattu le marchal Pépin qui exportait les juifs vers les camps de concentration.

Le sujet de géographie portait sur Paris.
Paris est une puissance mondiale, la plus grosse puissance politique, économique et culturelle du monde. Les plus grandes stars viennent là-bas pour acheter les plus beaux textiles du monde.

En Education Civique, l'égalité homme-femme était à l'honneur.
L'accès des femmes aux postes de décision dans les entreprises n'était plus envisageable car elles avaient un salaire inférieur de 32.4% que celui de leurs homologues les hommes.
Seulement 17,4% ont le droit de travailler.
Il se peut que les femmes soient plus faibles, mais c'est pareil.
Des directeurs refusent d'employer une femme car ça rapporte pas assez.
Les femmes veulent commème avoir des droit donc il fallait faire une loi pour l'égalité des femmes. Au début, les hommes ne voulait pas mais il fallait bien.


Alors, vous trouvez qu'il y a une évolution entre le DNB et le BEP? Deux années les séparent pourtant. L'année prochaine, les collègues corrigeront les premiers crus du bac pro 3 ans et il m'étonnerait que ces élèves progressent à ce point. On aura les mêmes bêtises, alors que théoriquement, les exigences de ce nouveau bac seront plus grandes que l'ancien bac pro: les élèves vont devoir rédiger une dissertation! Et ils iront tous faire des études supérieures. Youpi, le niveau monte!

30 juin 2011

Le jour où les élèves sont revenus de stage

Ces derniers jours, les élèves de Bac pro ont rédigé leur rapport de stage. L'établissement avait prévu quelques jours pour les aider dans la mise en page, vérifier leur prose et leur fournir le matériel nécessaire à l'impression.
Une minorité seulement avait préparé quelque chose.
Beaucoup se sont énervés parce qu'on leur a dit que ce n'était pas bon et qu'ils devaient recommencer.
Certains ne sont même pas venus, et d'autres se sont pointés quand ça les arrangeait, sans aucun support.
- Mais pourquoi venir alors?
- Pour faire acte de présence!
Lorsque le collègue s'est passablement énervé parce que cette réponse n'avait aucun sens à ce moment de l'année -pas de bulletin, pas de relevé d'absence, pas de cours, quelle idée stupide de venir juste pour faire "acte de présence"- l'élève a quitté les lieux en hurlant qu'il n'avait pas que ça à faire! Et nous donc...

Le plus inquiétant ça a finalement été ces élèves incapables d'écrire ne serait-ce qu'une seule ligne.
- Qu'as-tu fait pendant ton stage?
- Beeeen, j'ai fait des dossiers!
- C'est-à-dire?
- Des dossiers, quoi! Vous savez pas ce que c'est?
Il a donc fallu leur tirer les vers du nez pour comprendre leur activité durant les huit semaines passées en entreprise. En savoir suffisamment pour leur proposer un sujet d'étude et un plan, puis les aider à rédiger leur dicter leur texte.

Au bac, ils ont une épreuve orale durant laquelle ils doivent présenter leur étude durant 10 minutes avant d'être interrogés pendant vingt minutes. Il y en a qui vont au casse-pipe...

20 juin 2011

Il y avait pourtant eu des signes

Période d'examens en ce moment.
Lorsque j'ai débuté, je pensais que surveiller des élèves en train de composer, c'était bailler aux corneilles en surveillant sa montre tout en tentant vainement de se concentrer sur un article de Biba.
Ce que j'ai fait aujourd'hui y ressemblait drôlement, pour la première fois de ma carrière.

La première fois que j'ai surveillé les examens, je n'ai pas quitté des yeux un élève qui demandait les réponses à ses voisins. Nous étions trois adultes dans la salle, mais j'ai été la seule à réagir. La suite m'a permis de comprendre pourquoi:
Wesh ziva l'autre elle me casse les couilles, j'te jure je vais la planter wesh.
Mes "collègues" n'ont pas relevé.
L'adjoint a juste dit qu'on devrait lui signaler tout autre incident.

Dans la même salle, un autre élève, obligé par je ne sais quel juge de passer des examens, ne se présentait aux épreuves que pour écrire son nom sur des copies qu'il rendait blanches et nous emmerder pendant 59 minutes pour qu'on le laisse partir. Mais toute sortie avant la première heure étant prohibée, il fallait qu'on se débrouille pour le faire taire. En vain.
Lorsque nous l'avons laissé sortir dix minutes avant le moment autorisé, l'adjoint est monté pour nous le reprocher.

J'ai appris quelques années plus tard que ce même adjoint s'était suicidé en faisant exploser sa voiture.

13 juin 2011

Les perles du BEP rénové

première question:

Il fallait relever les symboles visibles sur cette affiche et présenter la société idéale évoquée par la propagande. Enfin, expliquer qui s'est opposé au régime et pourquoi.


Comme nous pouvons le voir, Pétain est entouré d'une couronne d'osier/ de lierre/ de l'aurillé/ d'olivier/ de branches d'arbres/ de lys/ de houx/ de feuillage... Sous le portrait, on voit des gens qui travaillent dans la bonne humeur avec des enfants et des animaux. On voit des nuages qui s'en vont.
Les deux aspects du régime sont le travail et le paysagiste. Il y a une ambiance de cirque avec des animaux et des jouets, la famille est constituée de la mère, des enfants et des poules.

Ce sont les résidents qui s'opposent au régime. Ou alors les femmes, notamment Charles de Gaulle. Les Français s'opposent au régime car ils ont des enfants en bas âge et qu'il faut donner sa récolte à la fin du mois. Car il y a trop d'heures de travail dans la semaine et pas assez de week-end et de congés. Ce sont le régime communiste et le régime nazique qui s'opposent au régime de Vichy, et les Français sont contre la cohabitation. Les Français s'opposent au régime de Vichy car il faut que tout le monde aime tout le monde pour que la paix soit sur la terre.
De toute façon, les résistants, on les voit pas, ils sont cachés.

En 1939 tout se passe plutôt bien, c'est alors qu'en 1940 les Allemands déclarent la guerre, mais les Français ne veulent pas, ils font appel à la paix. De Gaulle vient prendre le pouvoir, devient chef du gouvernement, il avait auparavant le rôle du roi car il avait remporté la première guerre.

deuxième question sur la laïcité: école laïque, séparation de l'Eglise et de l'Etat.
On apprend qu'Aristide Briand est un bon horodateur, que les Français sont sympas car ils acceptent tout le monde dans les églises, qu'ils ont l'école pour tous: musulmans, juifs, chrétiens, etc. Bref, les lois sont laïques car garçons et filles sont mélangés.

troisième question: la ville mondiale.
Il fallait choisir entre trois définitions a, b ou c et justifier son choix.
J'ai choisi la réponse b car c'est la bonne. Une ville mondiale est située sur le littoral, comme par exemple Paris ou Londres.

Bon, après on était fatigués de rire et on est partis déjeuner.

19 mai 2011

Je m'ennuie

Les épreuves des concours sont passées, dans une dizaine de jours je serai fixée sur l'année qui vient: retourner au lycée en bossant de nouveau des concours ou commencer ma formation.
L'année scolaire touche à sa fin. Les élèves sont assidus, mais ne travaillent pas. Je n'ai jamais connu ça! l'établissement est proche d'un centre commercial et d'un parc, mais ils préfèrent venir bavarder en cours. Les dossiers pour l'après-bac sont bouclés depuis longtemps, je ne sais pas ce qu'ils craignent, ou ce qu'ils espèrent tirer de leurs heures de présence.
J'en parle avec mes collègues et il s'avère que ce sont toutes les matières qui sont concernées: "mineures" comme "majeures". Mes wesh-wesh du 93 avaient la décence de sécher les cours les programmes achevés, au moins!
Savoir qu'on vient pour faire de la garderie -de la vraie garderie- est extrêmement démotivant et m'énerve terriblement.

11 mai 2011

La fin approche

Fin de l'année scolaire dans un premier temps: il fait chaud, les élèves sont surexcités, arrivent bruyamment en cours, ont du mal à se concentrer... Beaucoup sont actuellement en stage dans les entreprises. Il faut donc passer des coups de fil, prendre rendez-vous, se promener à droite à gauche pour cocher trente mille cases. Les convocations aux examens arrivent; là aussi, on va se promener d'établissement en établissement.
Aux Terminales, nous avons fait passer des oraux blancs. Heureusement! car nombreux étaient ceux qui avaient bouclé leur dossier professionnel la veille, parfois nous avons eu droit à des torchons truffés de fautes, même pas reliés ainsi que des présentations improvisées. Un seul de mes élèves m'avait d'ailleurs transmis son rapport afin que je le relise...

J'espère que c'est la fin de ma carrière de prof.
Dans trois semaines, je le saurai. Toutes mes pensées vont vers l'oral qui m'attend et pour lequel je me suis bien préparée. Il suffira juste que je me sente à l'aise.

Pourvu que tout se passe bien.

9 avril 2011

Ah la la j'y suis presque

Plus qu'un oral à passer pour quitter l'enseignement!
Je suis allée emprunter des méthodes pour "réussir son entretien avec le jury" et parfois, ils disent des choses drôles. Genre pour les mecs: rasez-vous, cirez vos chaussures, pas de piercing... et pour les filles: pas de mini-jupe, pas de maquillage de pute ni de bagouzes aux doigts. J'ai bien fait de les lire!

Je me vois déjà sur la liste des admis.

Parce que c'est plus possible, sérieux. Le métier de prof c'est une blague. On recrute n'importe quoi, pas besoin de formation, de toute façon le niveau on s'en fout, bientôt on ne donnera même plus de notes aux élèves, il suffira de cocher quelques cases "compétences" et le tour sera joué. Déjà qu'en Lycée pro ce sont les profs qui fabriquent l'examen de leurs propres élèves (avec les CCF), on attend la généralisation de cette merveilleuse innovation aux autres bacs... Démerdez-vous dans le Supérieur avec ce qu'on vous envoie.
Nous on est pas coupable, pas responsable, on ne fait qu'obéir aux ordres.

6 mars 2011

Demain, reprise [angoisse]

Les fins de vacances et de weekend m'angoissent de plus en plus...
Je sais que je vais encore attendre le dernier moment pour préparer mes cours, corriger les copies, remplir les bulletins. Je sais que, plusieurs fois par heure, je vais me répéter intérieurement "j'en ai marre. Marre. Marre."
Pourtant je ne souffre pas assez pour aller demander un arrêt de travail. Là, je me dis que vu ce qui reste de l'année, ce ne serait pas raisonnable pour les élèves. Tant que le souci des examens est plus fort que la nécessité de s'extraire du travail, je continue. Ce n'est pas par culpabilité, comme peuvent l'éprouver beaucoup de collègues qui continuent de faire cours les larmes aux yeux, c'est juste que le besoin de me poser de cette façon n'est pas là.

J'ai besoin d'un changement de vie plus radical.

5 février 2011

Les Services Publics doivent faire de la qualité

Je voudrais toutefois vous demander dès à présent qu'on ne fasse pas, sur la question des services publics, la même erreur qu'avec les 35 heures. Je m'explique. Avec les 35 heures, on a raisonné sur le travail en quantité, en ignorant totalement le débat sur la qualité.
Nicolas Sarkozy, le 1er février

Mais dis-moi, Nicolas, commet faire de la qualité quand on n'a plus rien? comment veux-tu que je fasse cours à 30 sauvageons d'un coup, maintenant que tu nous sucres les dédoublements, c'est-à-dire les seuls moments où les élèves écoutent, travaillent et comprennent? comment veux-tu qu'un conseiller d'insertion empêche 135 personnes de récidiver, avec juste un stylo et un téléphone, comme c'est le cas à Nantes? Comment veux-tu que les affaires criminelles se résolvent si tu supprimes des policiers?

Hein, dis-moi, c'est quoi ton plan?
Et ne crois pas que privatiser va arranger quoi que ce soit: tu sais bien que les aéroports sont mal gardés, que les gamins qui contrôlent nos bagages sont des chômeurs à qui on a filé un diplôme sans aucune formation sérieuse...
Mais pourquoi tu ne privatises pas le permis de conduire, hein? je suis sûre qu'il y a un fric fou à se faire là-dedans, et je pense que t'as déjà pas mal de copains qui sont prêts à sauter sur ce juteux marché!
Pas comme l'enseignement, où c'est que des crevards, tiens, la preuve sur Wengo:
Un prof de français coûte 0.5 euro la minute; une voyante 3 euros.

Je crois que je vais me reconvertir en Mme Irma, moi!

30 janvier 2011

Je suis prof

Je cherchais cette image sur Google:

Je commence donc à taper les premiers mots...
Et voilà ce que Google me suggère comme suite:


Je me sens moins seule...

28 janvier 2011

Le mérite

On parle beaucoup de mérite ces derniers jours.
La rémunération des recteurs comprend désormais une prime modulable -pouvant atteindre 22.000 euros, soit un an de mon traitement- attribuée en fonction de leur aptitude à supprimer des postes dans leur académie.

Lorsque je fais mes visites de stage ou que je reçois les parents, je constate que les gens ne comprennent pas grand chose au fonctionnement du service public actuel. Eux ne voient que nos absences:
- mais pourquoi on ne donne pas de blâme aux profs absents?
- ah mais ce sont des absences justifiées! allez donc en parler au gouvernement qui supprime des postes de profs
- moi je vois mes filles, leurs profs s'absentent trois semaines pour aller en stage
- des stages de 3 semaines ça n'existe pas, l'absence est sûrement due à autre chose. Et puis le corps des remplaçants a été éradiqué
- pourtant il y a plein de profs au chômage, qui n'ont rien à foutre...
- mais non: les profs sont titulaires de la Fonction Publique, ils ne sont pas "au chômage". Il n'y a plus assez d'enseignants pour faire face aux besoins; les rectorats en sont réduits à mettre des annonces au Pôle Emploi!
Pourtant mon interlocuteur était également fonctionnaire.
Et moi je commence à en avoir assez de critiquer mon employeur. Non pas que je trouve la politique actuelle de réduction du nombre de fonctionnaires formidable, mais ça me gêne de servir un tel État; ça me gêne de me retrouver réduite à une charge pour mon pays. J'aimerais pouvoir discuter d'autre chose avec les parents d'élèves plutôt que d'avoir à expliquer pourquoi en bac pro comptabilité il manque un prof de compta depuis la rentrée et pourquoi il n'est pas remplacé; pourquoi la vie scolaire ne tient pas les relevés des absences à jour. Parce que nous manquons de surveillants. Et c'est pour ça qu'il n'y a plus de salle de permanence. Et ça, avec le nouveau décret sur la suppression des allocs en cas d'absentéisme, ça risque d'être comique...

Plus l'Éducation Nationale se dégradera et plus les recteurs toucheront de primes. Génial, non?
Je ne suis pas loin de penser que c'est de la corruption. Comment appeler autrement le fait de récompenser des fonctionnaires pour que le service public aille encore plus mal, service pour lequel l'ensemble de la nation paie des impôts? Alors qu'il ressort que les suppressions de postes n'arrangent en rien les finances publiques tout en ayant des conséquences négatives aisément vérifiables par chacun d'entre nous: moins de policiers, moins d'infirmières, moins de profs... Il ne faut pas s'étonner ensuite que les gens se tournent vers le privé.

Ce gouvernement a déjà instauré la prime aux résultats pour les préfets, attribuée en fonction de leurs chiffres (en particulier ceux de la délinquance). Comment améliore-t-on des chiffres? on les bidouille, on donne des consignes pour ne plus prendre les plaintes... Moins de policiers, donc de toute manière moins de moyens pour résoudre les affaires; un vrai cercle vicieux.
Les préfets qui acceptent ce petit jeu sont-ils stupides? zélés serviteurs, vénaux, ou quoi?

Pense-t-on vraiment qu'il faille des primes pour que les fonctionnaires fassent correctement leur travail? Les enseignants en touchent très peu, 1000 euros par an pour ceux qui ne sont pas professeur principal; sont-ils de mauvais fonctionnaires?
Faut-il récompenser ceux qu'on estime "méritants"? comment déterminer ce mérite? qui le déterminera?
La campagne de promotion (notation, hors classe, liste d'aptitude etc) a lieu en ce moment et je jette un œil sur la prose syndicale parue à cette occasion. Le moins que l'on puisse dire est que tout cela est loin d'être juste. En gros, il faut avoir consciencieusement léché les pompes de ses supérieurs pendant des années, avoir le bon âge, enseigner la bonne matière, dans le bon type d'établissement, voire bien connaître le recteur qui a un pouvoir considérable...

Il est question d'attribuer des primes au mérite aux chefs d'établissement en fonction de la réalisation de certains objectifs prédéterminés...

Je ne comprends pas. Si je réalise ma mission, ce n'est pas pour toucher une prime. Je gagne ma vie en travaillant pour l'intérêt général, pour la réussite de mes élèves et ce n'est pas une prime qui y changera quelque chose. Je ne sais pas en revanche l'effet qu'auront de telles récompenses attribuées à nos seuls chefs alors que c'est quand même notre travail, à nous la "base", qui est en jeu. Qu'on récompense des hauts fonctionnaires -déjà assez bien payés- pour faire leur travail, ça me choque. Qu'eux seuls soient récompensés pour le travail que nous aurons tous fait, ça me choque. Et qu'on les récompense pour casser le service public, c'est le comble.

Et si on supprimait les primes?

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