Vivre loin de l'Education nationale
Je reviens donner de mes nouvelles, deux ans après avoir réussi à obtenir mon ticket de sortie.
Mon emploi du temps s'est profondément modifié, ainsi que mon humeur générale. Moi qui suis du genre à toujours voir la petite bête, qui adore me plaindre, je n'ai plus aucune matière à. Je viens d'expérimenter cela lors d'une rencontre entre différentes directions de mon ministère; j'étais la seule de mon métier, et la seule à n'avoir rien à dire de négatif à propos de mon travail.
Que ceux qui expérimentent chaque année les groupes de vacanciers composés de profs -comme j'ai pu le faire durant 15 ans- apprécient la chose! D'ailleurs je ferai tout pour ne plus me retrouver avec un enseignant lors d'un séjour; cette époque est révolue. Je ne veux plus les entendre durant mes vacances.
J'ai certes moins de vacances qu'un enseignant, mais huit semaines de congés payés, sans compter les jours fériés et les récupérations, suffisent largement à décompresser, surtout que ces journées ne sont désormais plus polluées par le travail: quand je rentre chez moi, je ne fais plus rien pour le boulot. Mon cerveau ne se met plus en alerte devant la télé, un magazine ou un livre, à la recherche du support pédagogique idéal pour une prochaine séance. Et pour moi, c'est inestimable.
Je prends mes congés quand je le veux. J'organise également mon travail comme je le veux; mes fonctions me le permettent. J'ai un travail intéressant, qui autorise de flâner, de fouiner, d'explorer... je suis les pistes que je veux et rends compte de mes recherches de la manière qui me sied. J'ai eu beaucoup de chance lors de la campagne de mobilité, car j'ai obtenu le poste qui me plaisait le plus.
Les relations avec mes supérieurs hiérarchiques sont harmonieuses. J'ai beaucoup de mal à dire "supérieurs" pour certains d'entre eux, car dans les faits ce sont des collègues. Je n'en ai rencontré aucun qui ne se soit autorisé un regard condescendant ou supérieur, du fait de son grade ou de son ancienneté. Selon le degré d'affinité que j'ai avec eux, je les tutoie ou les vouvoie. Jamais je n'avais tutoyé un adjoint -et encore moins un chef d'établissement- auparavant!
Je m'acclimate doucement à ce nouveau mode de vie. Mieux payée (50% de plus), mieux considérée, plus épanouie au travail, plus libre de mon temps... pour rien au monde je ne reviendrais en arrière!
La seule chose que je dois encore travailler, c'est la production d'heures supp: quand j'en accumule 7 heures et demie au compteur, j'ai droit à une journée de congé supplémentaire. Et ces journées libres en milieu de semaine pour faire les courses ou du shopping loin de la foule du samedi me manquent tout de même un peu.