Je vais péter un câble

Pour changer d'académie, il faut s'y prendre très tôt. C'est nul. Moi, il n'y a que depuis la fin décembre que je veux me barrer d'ici.

J'aimerais avoir un appart plus grand. Avoir un bureau, ce que je n'ai pas, parce que mon salaire est ce qu'il est. Et qu'il ne va pas changer de sitôt. Et qu'avec un salaire comme le mien, je peux juste me payer un 30m2. Donc je veux me barrer.

J'en ai marre de voir tout le temps les mêmes élèves. C'est un ghetto chez nous. J'ai perdu le sens de la "normalité" depuis que je suis dans cette académie. Sortir son couteau ou jouer des poings pour régler un problème, c'est normal. Se "traiter" à longueur de journée, c'est pour rire. Se lever en cours pour aller regarder par la fenêtre (et des fois, l'ouvrir pour gueuler un truc au copain qu'est en bas), c'est normal, c'est pas grave madâme pas la peine de vous énerver comme ça olala. Essuyer des propos hyper agressifs à la moindre remarque c'est normal aussi fallait pas me chauffer.

Et enfin, j'en ai marre d'entendre mes collègues se plaindre sans arrêt. D'accord, on a tous besoin de décompresser un peu, mais des fois j'ai l'impression qu'ils découvrent la réalité maintenant seulement. Franchement, j'ai du mal à suivre. Moi, mes élèves ils ont toujours été comme ça, je ne sais pas ce qu'ils avaient comme élèves jusqu'à maintenant, mes collègues. Bref, ça me soûle de les entendre râler à longueur de pause. D'ailleurs je ne vais plus à l'heure syndicale: un vrai concours de pessimisme. A croire que leur unique but est de pousser les gens à la révolte.

Depuis que j'ai pris mes distances avec leur vulgate, certains baissent la voix quand je suis dans les parages.

Pas très agréable. Ils ont peur de moi ou quoi?

Vivement que je me casse!

Comments

[ProfAnonyme]

Merci pour votre commentaire.

Il est certain que nous ne sommes pas préparés à ce qui nous attend et que nous sommes bien mal armés pour gérer des classes difficiles, dans lesquelles "échouent" beaucoup de débutants...
Il y a une contradiction énorme de la part de l'Institution qui nous sanctionne (comme elle peut: en nous notant mal) lorsque nous sommes bordélisés alors qu'elle n'arrête pas de dire, par l'intermédiaire de chercheurs et de psychopédagogues qu'elle emploie, que les publics ont changé et que notre propre expérience d'élève ne doit pas servir de mesure pour évaluer les conditions actuelles d'enseignement.

J'ai effectivement l'intention de demander ma mutation, mais elle ne sera effective qu'en septembre 2008.

[JG]

Je vous rends une visite de courtoisie puisque vous êtes passée sur mon blog aujourd'hui.

Edifiant.

Dans les entreprises bien tenues, les cadres changent d'affectation tous les 2 ou 3 ans. On sait très bien qu'un individu donne le meilleur de soi quand il découvre un contexte et tant que les habitudes ne sont pas établies. Vous est-il possible de profiter de mutations ?

Néanmoins, et pour l'avoir vécu dans ma scolarité, il existe des profs qui arrivent à maitriser leurs classes du début à la fin. J'ai notamment le souvenir d'un professeur d'italien qui, bien qu'assez fluet, tenait la dragée haute à de sacrés lascars et arrivait même à leur apprendre l'italien. Mais il faut pour cela démarrer l'année avec des règles strictes.

Les professeurs comme vous ne sont pas préparés à ce qui les attend puis se retrouvent ensuite prisonniers de leur statut. Mais il n'est pas possible d'aller au travail tous les jours en se disant que ce sera le cirque. Un petit truc, peut-être: allez donner des cours chez Acadomia, là vous aurez des élèves qui veulent travailler et votre travail sera probablement plus valorisé.